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Ninon Vallin

 

Joséphine-Eugénie Vallin dite Ninon Vallin est une cantatrice (soprano lyrique) française née à Montalieu-Vercieu (Isère) le 8 septembre 1886 et morte à Lyon (Rhône) le 22 novembre 1961.

Née de Marie Champier et de Félix Philippe Vallin, clerc de notaire de Montalieu, Ninon passe son enfance dans divers villages de l’Isère. En pension à Saint-Laurent-en-Brionnais, elle fait preuve de dispositions pour la musique et chante pour la première fois en public à 10 ans. Elle prépare son entrée au conservatoire de musique de Lyon où elle est admise en 1903. Un de ses professeurs de chant, Mme Mauvernay, la présente au chef d’orchestre Witkowski. Ninon Vallin remporte le premier prix du conservatoire de Lyon, à l’unanimité, en juin 1906. Elle donne ses premiers concerts dans la région et chante à Annonay devant Vincent d’Indy. Ce dernier la prend sous sa protection et l’envoie à Paris au début de l’année 1907.

Elle y suit des cours de déclamation lyrique. Ses débuts sont difficiles mais Gabriel Pierné l’engage en 1909 dans l’orchestre des concerts Colonne. Claude Debussy la remarque et lui fait chanter La Demoiselle élue, avant de la faire engager comme doublure de Rose Féart qui doit créer Le Martyre de saint Sébastien. L’œuvre est condamnée par l’archevêque de Paris et Rose Féart se retire de la production quelques heures avant la première, le 22 mai 1911. Ninon Vallin la remplace et y triomphe… anonymement, les critiques n’étant pas au courant de la défection de Féart, qui reprend le rôle pour les représentations suivantes. Debussy, qui a apprécié Vallin, va néanmoins lui apporter un soutien fidèle.

Ninon Vallin est engagée par Albert Carré à l’Opéra-Comique, le 20 juin 1912. Elle y fait ses débuts dès octobre en chantant Micaëla dansCarmen. Sa prestation est appréciée de madame Bizet-Straus, la veuve du compositeur, qui était dans le public et qui lui conseillera de chanter désormais le rôle de la gitane . Gustave Charpentier lui confie le rôle-titre de Louise, créé onze ans plus tôt. Pour Ninon Vallin, une carrière exceptionnelle commence, où sa voix de soprano lyrique à la tessiture large, du mi2 au contre-ut dièse (do5), sa sensibilité et sa culture musicales, sa prononciation impeccable du français, de l’italien et de l’espagnol vont lui permettre d’aller de succès en succès. À l’été 1913, Ninon Vallin épouse un impresario italien qu’elle va accompagner dans ses déplacements à l’étranger. A la déclaration de guerre, l’Opéra-Comique étant fermé, elle suit son mari en Espagne puis, en 1916, en Amérique du Sud. Sur la scène du théâtre Colón de Buenos Aires, c’est le triomphe et elle est adoptée par le public sud-américain. Elle revient l’année suivante à Paris puis est engagée à la Scala deMilan. Après la guerre, elle chante sur toutes les grandes scènes en Europe. Manuel de Falla lui confie les créations de La vida breve et El amor brujo. La tournée de 1921 en URSS, à Moscou, Kiev et Saint-Pétersbourg, est un nouveau triomphe.

À partir de 1925, après le second départ d’Albert Carré de l’Opéra-Comique, la carrière de Ninon Vallin va se poursuivre à l’étranger, pendant dix saisons, particulièrement à Buenos-Aires. Columbia l’engage pour de nombreux enregistrements jusqu’à ce qu’une dispute avec Georges Thill la fasse rompre son contrat.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Ninon Vallin vit dans sa propriété de La Sauvagère à Millery, près de Lyon, où elle a fait aménager un théâtre de verdure. À partir de 1943, elle cache et conserve la bibliothèque musicale de François Lang, mort en déportation. En 1945, elle reprend sa carrière à Paris puis à l’étranger. Après ses adieux à l’Opéra de Paris, elle fait deux grandes tournées en Australie (1947) et en Nouvelle-Zélande (1949).

En concert, elle est l’« ambassadrice » de Fauré, Chausson, Debussy, Marguerite Canal et Reynaldo Hahn, s’intéresse également à la musique espagnole et sud-américaine et multiplie les tournées de récital sur toutes les grandes scènes d’Europe et d’Amérique.

En 1953, elle crée le Conservatoire de musique de Montevideo où elle enseigne le chant. Après des récitals à La Sauvagère, à Cannes et àDeauville, elle se retire de la scène en 1957, à 71 ans. Elle enseigne ensuite le chant au Conservatoire de Lyon jusqu’à son décès en 1961, à 75 ans. Elle est enterrée à Millery.

Cette musicienne cultivée et d’une grande sensibilité, considérée comme l’une des grandes cantatrices françaises du xxe siècle, a interprété au cours de plus de quarante ans de carrière près d’une cinquantaine de rôles, aussi bien de soprano lyrique, léger ou dramatique que de mezzo-soprano, et a eu entre autres pour partenaires Enrico Caruso, Georges Thill, Beniamino Gigli, Tito Schipa.