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Rose Valland

 

La salle réservée aux arts plastiques de la MJC de La Côte Saint-André porte le nom de Rose Valland en hommage à son engagement dans le sauvetage d’œuvres d’art.

Rose Valland, née le 1er novembre 1898 à Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs et morte le 18 septembre 1980 à Ris-Orangis. C’est une historienne d’art, une résistante et capitaine de l’armée française. Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, elle a participé au sauvetage et à la récupération de presque 45 000 œuvres d’art volées par les nazis.

Rose Valland, de son vrai nom Rosa Antonia Valland, poursuit ses études à l’école supérieure de La Côte St André puis elle intègre l’école normale d’institutrices de Grenoble dont elle sort en 1918. Douée en dessin et encouragée par ses enseignants, elle part suivre les enseignements de l’École nationale des beaux-arts de Lyon où elle se fera remarquer, obtenant de nombreux prix. Elle en sort en 1922 pour être admise la même année à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Elle réussit ensuite le concours du professorat à l’enseignement du dessin, 6e sur plus de 300 candidats. Elle suit parallèlement l’École du Louvre et soutient en 1931 une thèse sur l’évolution du mouvement de l’art italien jusqu’à Giotto.

Après sa rencontre avec le professeur Gabriel Millet, elle se consacre entièrement à l’histoire de l’art. Elle suit les cours d’Histoire de l’art et d’archéologie du monde byzantin et de l’Orient chrétien à l’École pratique des hautes études où elle soutient une thèse intitulée Aquilée ou les origines byzantines de la Renaissance portant sur lesfresques du xiie siècle de la crypte de la Basilique patriarcale d’Aquilée en Frioul-Vénétie julienne, suit des cours au Collège de France et à l’Institut d’art et d’archéologie de l’université de Paris où elle obtient les trois certificats d’études supérieures d’histoire de l’art moderne, d’archéologie médiévale, et d’archéologie grecque, qui constituent le diplôme d’art qui, combiné avec sa thèse du Louvre, lui donne une licence spéciale d’histoire de l’art et d’archéologie. Elle voyage en Italie et probablement en Allemagne dont elle parle la langue sans jamais l’avoir étudiée durant sa scolarité.

En 1932, elle devient « attachée bénévole » au musée des peintures et sculptures étrangères de la Galerie nationale du Jeu de Paume aux Tuileries. Elle s’y occupe du catalogue des collections du musée, puis travaille à la réalisation d’une quinzaine d’expositions internationales et à leur catalogue. Elle écrit également de nombreux articles dans des revues d’art et des journaux. Elle ne sera pourtant titularisée, et salariée, qu’en 1941.

À la déclaration de guerre, elle devient attachée de conservation au musée du Jeu de Paume, protégée par le directeur des Musées nationaux, Jacques Jaujard qui tient absolument à suivre les œuvres réquisitionnées par les nazis. Pendant l’Occupation, les Allemands, sous l’administration du « personnel spécial pour l’art pictural »(Sonderstab Bildende Kunst) de l’Institut du Reichsleiter Rosenberg pour les territoires occupés (Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg, ou E.R.R.), commencent à travers la France un pillage systématique des œuvres des musées et des collections privées, principalement celles appartenant à des Juifs déportés ou ayant fui. Ils utilisent le musée du Jeu de Paume comme dépôt central (avec six salles du département des antiquités orientales dumusée du Louvre) avant d’orienter les œuvres vers différentes destinations en Allemagne. Pendant le pillage nazi, Rose Valland dresse un inventaire précis des œuvres qui transitent par le musée du Jeu de Paume et essaye de connaître leurs destinations, les noms des personnes responsables des transferts, ainsi que le numéro des convois et des transporteurs.

Pendant quatre ans, elle garde la trace de ces mouvements, de la provenance, de la destination et du destinataire (généralement un dignitaire nazi) des œuvres, etc. Pour remplir ses centaines de fiches de manière scrupuleuse, elle déchiffre les papiers carbone allemands dans les poubelles du musée et écoute les conversations des officiels nazis. Elle fournit également des informations à la Résistance sur les trains qui transportent les œuvres, afin que ces convois soient épargnés par les résistants.

Le musée du Jeu de Paume est fréquemment visité par de hauts dignitaires nazis, et Rose Valland est présente quand Hermann Göring vient sélectionner personnellement certains des tableaux volés pour alimenter sa propre collection. Dès l’automne 1944, elle informe les Américains afin d’éviter le bombardement des sites de stockage supposé des œuvres volées en Allemagne et faciliter leur récupération. Le lieutenant James Rorimer, l’une des personnes chargées du sauvetage du patrimoine artistique européen, témoignera du travail de Rose Valland dans son livre Survival, en 1950.

À la suite de la libération de Paris par les troupes alliées, Rose Valland travaille en tant que membre de la Commission de récupération artistique, (créée le 24 novembre 1944 et dissoute le 30 septembre 1949). Elle part dans la zone française d’occupation en Allemagne, devenant officier Beaux-arts dans la 1re armée française. En 1947, elle est nommée au poste central de la récupération artistique en Allemagne et se rend alors dans toutes les zones d’occupation, y compris la zone soviétique, où elle réalise quelques missions d’espionnage pour la France, et d’où elle ramène quelques œuvres. Elle témoigne au procès des dirigeants nazis à Nuremberg. Elle participe à la récupération des œuvres volées, mais aussi aide à la reconstruction des musées allemands.

À son retour en France en 1953, elle devient chef du service de protection des œuvres d’art puis est nommée en 1955 conservatrice des Musées nationaux, consécration de sa carrière. En 1961, elle publie ses expériences sous l’Occupation dans le livre Le Front de l’art (réédité en 1997). Son travail de tentative de restitution des œuvres spoliées détenues par les musées français (Musées Nationaux Récupération) n’est pas toujours encouragé.

Rose Valland prend sa retraite en 1968, mais continue à travailler sur la restitution des œuvres pour les Archives françaises. Elle a reçu pour son travail de nombreuses décorations françaises et étrangères. Du gouvernement français, elle a reçu la Légion d’honneur, a été faite commandeur des Arts et des Lettres, et distinguée de la médaille de la Résistance Française. Les États-Unis lui ont remis la médaille de la Liberté. Elle a été faite en 1951 officier de l’ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne.