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Louis Michel-Villaz

 

Pionnier de l’éclairage électrique en FRANCE né à Tullins (Isère) le 1er juilet 1843 et mort à Beaurepaire (Isère) le 19 octobre 1911.

Louis est issu d’une famille dauphinoise. Son père d’origine savoyarde était fabricant de chaux.

Le jeune Michel-Villaz s’intéressa très jeune à la mécanique qui devint vite sa passion. Il avait même, avant la guerre de 1870, construit une batteuse de son invention mue par une locomobile à vapeur. On le voyait, dit-on, parcourir la campagne en été pour battre le blé dans les exploitations agricoles de la vallée du Rhône.

En 1882, il épouse la fille d’un riche propriétaire terrien de Beaurepaire ce qui le fixera définitivement dans cette ville.

Bricoleur, intelligent et curieux, il n’avait de cesse de s’informer sur l’évolution de la technique et il consacrait ses soirées à l’études de documents sur le sujet.

Il n’ignorait sans doute pas le contenu techniques des nombreuses publications de l’époque et en particulier les articles parus à l’occasion de l’Exposition de Paris de 1881

Rappelons que l’Exposition Internationale d’Electricité de PARIS de 1881 fut un tremplin médiatique pour les pionniers de l’Electricité en particulier pour Thomas Alva Edison qui présenta sa lampe à incandescence.

Sans doute informé aussi des travaux de BERGES à Lancey, pas très loin de Beaurepaire, Michel-Villaz envisage de développer un système d’éclairage en produisant du courant avec une dynamo.

Il n’y a pas de cours d’eau à fort débit près de Beaurepaire et les ruisseaux des environs ne permettent pas d’installer la force motrice nécessaire.

Mais Michel-Villaz possède une machine à vapeur dont la puissance est suffisante pour entraîner une machine électrique de taille industrielle capable d’assurer l’allumage de quelques lampes à arc qu’il pourra installer dans les rues de sa ville.

Il fait part de son projet à ses concitoyens et avec l’encouragement du maire de l’époque, il peaufine ses calculs et engage les travaux à la fin de l’année 1882.

Comme tout pionnier, il trouvera sur son chemin quelques appuis, mais aussi beaucoup de septiques voire de détracteurs qui le prenne pour un illuminé !

Les fils conducteurs n’allaient-ils pas attirer la foudre, électrocuter hommes et animaux, mettre le feu aux habitations ?

…. et, en plus, attirer la malédiction divine sur cette paisible et pieuse ville de Beaurepaire ?

…. et puis il faut implanter des poteaux, traverser des champs et des propriétés privées, accrocher aux murs des maisons des isolateurs et des lampes.

Il aura même à gérer quelques actes de malveillance : des « extrémistes contestataires » iront jusqu’à couper des fils !!!

Sans doute une révolution bourgeoise sur fond de soupçons de « magouille » politico-financière, dans ce Cloche-merle dauphinois de la fin du 18ième siècle. L’histoire ne le dit pas !

Malgré ces aléas, le chantier va bon train. Reste cependant à trouver le générateur adapté aux besoins.

Notre brillant promoteur va consulter les meilleurs spécialistes du moment : THURRY en Suisse, SIEMENS et GRAMME en France.

Ces constructeurs ne répondront pas favorablement à sa demande. Ils s’en expliqueront par des considérations techniques de faisabilité, mais la vrai raison sera sans doute, la peur d’un échec du projet, qui aurait pu leur faire une fâcheuse contre-publicité.

… et puis ce petit « bricoleur électricien » n’était pas sorti du sérail. Il n’appartenait pas au « club des Grands » !

Notre ingénieux dauphinois, descendant de savoyard qui plus est, ne va pas baisser les bras pour autant !

Il va rencontrer Monsieur BIETRIX, un mécanicien de Saint-Etienne qui a réalisé une dynamo pour des besoins d’éclairage locaux (il y a des mines et des tunnels en cours de construction dans ce coin de France !).

Ils vont rapidement s’entendre et collaborer à la construction d’une machine .

Les essais de cette nouvelle dynamo passés, le fonctionnement en exploitation ne durera malheureusement pas longtemps. Les frettes éclateront et mettront hors d’usage la machine.

Défaut de conception, ou de réalisation ? Les deux sans doute !

Bien qu’éprouvé par cet échec, nos électriciens ne vont pas abandonner.

Michel-Villaz n’hésite pas. Il va avoir l’audace de solliciter le meilleur spécialiste au monde, Monsieur EDISON en personne.

Aidé du professeur d’anglais de l’Ecole Vaucanson (de Grenoble), il va lui écrire une lettre pour lui demander conseil sur la réalisation d’une machine dimensionnée pour les besoins de son projet.

Et Monsieur EDISON va lui répondre et lui fournir les renseignements attendus. Il en profitera, en bon commerçant, pour attirer son attention sur les lampes à incandescence qu’il était en train de commercialiser (lampes présentées à l’Exposition de Paris de 1881).

Edison lui envoya même à titre d’échantillon gratuit 6 lampes de sa production.

Pendant 4 ans, une dynamo de nouvelle génération sera étudiée, construite puis testée à Saint-Etienne.

Elle sera enfin montée à Beaurepaire et branchée sur le réseau.

L’inauguration avec des lampes Edison aura lieu le 14 juillet 1886.

L’installation qui alimentera des bougies Jablochkoff et des lampes EDISON fonctionnera jusqu’en 1902.

Bien sûr nous sommes à une époque où la technique va évoluer très vite. Fort de son expérience, Michel-Villaz va se lancer dans l’électrification de communes voisines.

Son fils va prendre la suite et devenir un « producteur » à part entière jusqu’à la nationalisation de l’Electricité en 1946 et la création d’EDF.

L’entreprise nationale reconnaissante du génie de ce pionnier, participera à l’érection d’un buste en sa mémoire dans la ville de Beaurepaire.